Le titre d'un livre peut parfois être trompeur. C'est le cas de presque tous les romans de D.H. Lawrence, dont les titres évoquent plutôt des romans à l'eau de rose, pas très intéressants à lire si on a une certaine vision sur ce que la littérature doit être. Je pense que je n'aurais jamais pris un livre dont le titre était La Vierge et le Gitan (j'avoue, c'est peut-être un préjugé) si je n'avais pas connu le nom de D.H. Lawrence.
Yvette est une jeune fille anglaise qui vit avec sa soeur, son père qui est vicaire, sa grand-mère paternelle et sa tante. On apprend dès le début que sa mère s'était enfuie avec un autre homme quand les filles étaient encore petites (on l'appelle d'ailleurs "celle-qui-fut-Cynthia", comme si elle était morte).
Dans cette maison l'éducation est très rigoureuse, traditionnelle, la grand-mère trônant comme une reine au milieu de cette famille majoritairement féminine et imposant toujours ses points de vue. C'est dans ces conditions qu'Yvette rencontre un jour quand elle est sortie avec des amis, une caravane des gitans. Parmi ceux-ci, un homme. On ne peut même pas parler d'une relation entre les deux, il se rencontrent d'ailleurs assez peu face à face, mais je dirais plutôt qu'il s'agit une attraction entre les contraires: elle, jeune, délicate, provenant de la bonne société anglaise, avec une éducation traditionnelle, symbole de la féminité, et lui, l'homme marié, le paria de la société, errant à travers le pays avec sa caravane, symbole de la masculinité et de la liberté. Cette rencontre aide Yvette à se découvrir en tant que femme, à franchir le pas de l'adolescence, mais aussi à se libérer des contraintes imposées par sa famille. Elle ne connaît même pas le nom du gitan, elle va le découvrir à la fin et personnellement, je ne me suis pas rendu compte que l'auteur n'avait pas donné le nom de ce personnage, peut-être parce que je l'ai perçu dès le début comme un symbole qui n'a pas besoin de nom. Au-delà de cette histoire, j'ai lu ce livre plutôt dans le registre métaphorique: j'y ai vu la dégradation d'une société traditionnelle trop contraignante en faveur d'un liberté sociale qui peut passer par une libération du corps. Les scènes de la tempête, fort semblables à mon avis à celles du Déluge biblique, sont très évocatrices de cette vision des choses: la mort de la grand-mère et la destruction de la maison représentent la mort d'un monde, la chute d'une mentalité et la possibilité d'un renouveau total. Et c'est justement le Gitan qui sauve Yvette d'une mort au milieu de cette terrible tempête. Il lui redonne donc métaphoriquement la liberté.
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