Marié et avec deux enfants, Hajime devient un prospère propriétaire de bar à jazz, menant une vie tranquille et heureuse jusqu'à la réapparition de Shimamoto-san. Le souvenir nostalgique de l'amitié enfantine se transforme soudainement en passion folle, destructrice, la petite fille qui aimait la musique classique étant maintenant une sorte de femme fatale qui pourrait mener Hajime à la perdition. Le mystère le plus total entoure cette femme qui peut disparaître et réapparaître sans se soucier de la souffrance et la tourmente qu'elle provoque à son amant. Elle cache des secrets, son beau visage n'exprime pas toute la douleur qu'elle avait vecue, la folie qui rôde autour d'elle.
Au-delà de l'amour passionnel pour Shimamoto-san, toute l'attitude de Hajime est causée par un désir permanent de devenir un autre, de changer son existence, une incapacité à se contenter du présent stable. Il rêve toujours à posséder ce qui ne lui est pas accessible, sa passion pour Shimamoto-san exprimant bien toute cette quête d'un absolu illusoire: il la désire parce qu'il sait qu'il ne pourra jamais l'avoir en entier, elle lui échappe à chaque fois sans qu'il puisse s'y opposer.
Le récit de Au Sud de la frontière, à l'Ouest du soleil est beaucoup plus linéaire que celui du Passage de la nuit, plus classique si on peut dire ainsi. Mais le style de Murakami ne laisse pas le lecteur deviner ce qui va suivre, on ne peut pas anticiper si Hajime se perdra dans un amour fou et dévorateur ou s'il réussira à garder le contact avec la réalité en apprenant à se contenter d'un présent stable aux côtés de sa famille.
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