samedi 8 décembre 2012

La vie est ailleurs - Milan Kundera


J'avoue que c'est le premier roman de Kundera que je lis, bien que je le connaisse de nom depuis assez longtemps. Ce qui m'a attirée en premier, c'était le titre qui m'invitait en quelque sorte à découvrir cet ailleurs dont il parlait. Et comment ça, la vie est ailleurs? La première question qui vient à l'esprit est sans doute "Et MA vie? elle est où? qu'est-ce qu'elle est?".
Au début, j'ai été un peu déçue, car le récit est assez banal, ennuyant même par endroits: la vie d'un poète tchéque, Jaromil, depuis sa naissance est jusqu'à son suicide. Enfant gâté par sa mère qui voyait en lui le meilleur, le plus doué, le plus grand artiste, Jaromil devient un adolescent incapable d'avoir de relations avec les autres, toujours très lié à sa mère, sa vie est des plus banales. Les quelques bribes de poèmes qu'on peut lire de sa production n'éblouissent pas par leur côté spirituel. Provenant d'une famille de la bourgeoisie praguoise, Jaromil se ralie à la cause communiste, par conviction d'ailleurs, et va jusqu'à dénoncer et faire emprisonner sa petite amie, parce qu'il croyait que le frère de la fille voulait quitter clandestinement le pays. Personnage-bouffon et caricatural au début, il devient quelque peu grosteque vers la fin.
Mais sous ce récit assez simple, inoffensif et banal, on découvre peu à peu la vraie intention de l'auteur, celle de remetre en cause la notion de poésie et de catégorisation. La poésie en tant qu'art pur, dernière possibilité d'évasion absolue d'un monde contraignant. On découvre dans le récit que le destin de Jaromil peut fortement ressembler à ceux des poètes célèbres, comme Rimbaud, Lermontov, Lautréamont, Rilke... Alors, qu'est-ce qui nous autorise à catégoriser la poésie de Jaromil dans une catégorie ou dans une autre? Et si Jaromil considère, comme moi, ces poètes comme des grands auteurs, qu'est-ce qui le différencie de moi, en tant que lecteur, en tant que personnalité? Jaromil reste une caricature, mais devient une caricature douloureuse. Si comme lui, je pensais que la poésie est un moyen d'évasion du quotidien, qu'est-ce qui me reste maintenant? Jaromil a aussi un alter-ego dans le roman, Xavier, un jeune homme qui vit sa vie à travers des rêves et en passant d'un rêve à l'autre, sans jamais se réveiller. Et on revient toujours à la question du début: sait-on jamais où est la vraie vie? savons-nous si notre vie n'est pas un rêve?
La forme du récit contribue aussi à la complexité de cette oeuvre, la longueur des chapitres étant différente selon les parties et donnant un certain rythme, plus ou moins accéléré, à la narration, ce qui me fait penser au rythme de la vie même.
Et pourtant, ce qui me reste en tête à la fin, c'est le titre: La vie est ailleurs....

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