Après la lecture des Douze contes vagabonds, j'ai commencé à lire "La chronique d'une mort annoncée", un bouquin assez mince (133 pages dans l'édition que j'ai eue), mais qui m'a surprise par la manière de me capter, de me tenir là, le livre dans les mains jusque tard dans la nuit, en essayant de découvrir la fin de l'histoire. Chose surprenante, je connaissais déjà la fin de l'histoire. Eh oui, Garcia Marquez nous livre dès la première phrase le dénouement de toute l'action: "Le jour où il allait être abattu, Santiago Nassar s'était levé à cinq heures et demie du matin pour attendre le bateau sur lequel l’évêque arrivait". On sait donc que le personnage mourra jusqu'à la fin de l'histoire. Alors, peut-être l'histoire sera-t-elle centrée sur la découverte des assassins? Non plus, on découvre très vite ce détail. Et les raisons du crime? On les sait aussi.
Pour résumer brièvement, Santiago Nassar va être assassiné par les jumeaux Pedro et Pablo Vicario, qui voulaient venger l'honneur de leur soeur. Celle-ci avait désigné Santiago Nassar comme étant le coupable de son déshonneur, découvert le soir de ses noces. Une histoire assez banale, tragique certes, mais pas inhabituelle, où on reconnait des faits de société, l'amour, l'amitié, la vengeance, la trahison, l'indifférence, les bouche-à-oreille,...
Ce qui m'a tellement fascinée a été la manière de Garcia Marquez de raconter toute cette histoire. A la manière d'une chronique, le narrateur écoute et rapporte les témoignages des gens du village, 27 ans après les faits. Et on se rend vite compte que, tout comme le lecteur, tout le village était au courant de ce qui allait se passer, quelques heures avant l'assassinat, tout simplement parce que les deux jumeaux n'ont rien caché, tout au contraire, ils l'ont dit à tout le monde, comme si'ils avaient voulu qu'on les empêchât. C'est seulement le hasard ou le destin qui s'est obstiné contre Santiago Nassar.
Personnellement, j'ai lu toute l'histoire en oubliant parfois la fin "annoncée", en connaissant chaque personnage à travers son histoire de vie, en arrivant à comprendre même les raisons des assassins et l'indifférence des villageois. Dans ce contexte-là, où tout le monde connaissait tout le monde, il est difficile de croire à une telle possibilité et on pense soit que c'est une blague, soit que les autres ont déjà annoncé la future victime.
Rien de spectaculaire dans un livre pourtant magnifique.
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